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Confinement et création éditoriale : Interview d'Alicia Cuerva


L’annonce du reconfinement au soir du 29 octobre 2020 a ébranlé le déroulement général des cours dans toute la France. Pour le master LLCER Média et médiation culturelle de l’Université Clermont-Auvergne, c’est le cours de création éditoriale qui a été le plus impacté. Nous avons questionné la responsable cette Unité d’Enseignement (UE), Alicia Cuerva, sur l’impact du confinement sur son cours.



Il y a déjà un article sur vous, mais pourriez-vous vous décrire en quelques mots, ainsi que votre matière ?

Je suis Alicia Cuerva, enseignante du cours de création éditoriale, et je suis éditrice et illustratrice chez Cosette Cartonera, une maison d’édition artisanale à Clermont-Ferrand qui est spécialisée en littérature jeunesse. L’objectif de l’UE de création éditoriale est d’initier les étudiants au métier d’éditeur, aux différents métiers de la chaîne du livre, et d’amener les étudiants à créer de toute pièce un livre édité avec une maison d’édition fictive qu’ils ont inventé.


À l’annonce du confinement, quelle a été votre première réaction par rapport au cours de création éditoriale ?

J’étais vraiment très triste parce que la meilleure partie arrivait, la partie de création où on allait vraiment commencer à fabriquer les livres, à les imprimer, les voir. Derrière un écran, on ne se rend pas compte de ce qu’on est en train de faire et, lorsqu’on a le livre imprimé entre les mains ça change tout. C’était aussi une manière de partager mon travail artisanal qui est complètement différent du métier d’éditeur conventionnel. Tout est tombé à l’eau et maintenant, j’ai même dû inventer des nouvelles techniques pour vous faire des évaluations parce qu’on n’aura pas de cours en présentiel.

Justement, comment avez-vous décidé d’adapter les modalités d’évaluation pour cette année ?

En numérique. Comme prévu à la base, je vais demander aux étudiants de me rendre la maquette de leur livre en format PDF. Pour remplacer les deux cours d’atelier pratique je vais demander aux élèves de créer un « book trailer », une bande annonce de livre en vidéo. Pour l’évaluation finale, comme je ne pourrais pas voir ce que vous avez produit manuellement, ça sera une évaluation de graphisme sur Scribus. Je vous donnerai le sujet le jour même, et vous aurez trois heures pour créer un document graphique selon les consignes et me l’envoyer. On va remettre une couche sur Scribus, le côté graphisme et visuel pour remplacer le manuel qu’on ne peut malheureusement pas faire en cours.

En cas de déconfinement à la date prévue, le 1er décembre, pensez-vous revenir aux anciennes modalités d’évaluation, ou rester sur les nouvelles ?

On resterait sur les nouvelles modalités. Comme on aura déjà perdu un cours entier d’atelier manuel, je ne peux pas retourner en arrière avec un cours en moins.

En soi, quelles sont les difficultés liées avec l’enseignement à distance pour cette matière ?

La première difficulté c’est que toute la partie manuelle du métier est partie aux oubliettes. Mais ce qui pose le plus de difficultés c’est le travail sur le logiciel Scribus. Il est parfois très difficile d’accès et compliqué pour des étudiants qui ne sont pas forcément très habiles avec ce type de logiciel. Certains étudiants ont vraiment du mal, je dois prendre des rendez-vous individuels avec eux pour les aider. En présentiel, on voit directement où est le problème et on le règle facilement, alors qu’en distanciel, on doit se contenter d’échanges par mail, on perd beaucoup de temps à répondre, et parfois, on ne trouve toujours pas le problème.

Pensez-vous que ces nouvelles mesures risquent d’impacter les notes des étudiants, ainsi que leurs connaissances de manière générale ?

Les notes ne seront pas impactées puisque les modalités sont différentes et que vous êtes parfaitement capables de faire ce que je vais vous demander. On m’a confirmé que vous avez déjà appris à faire des montages vidéo dans un autre cours. Par contre, ça va impacter ce que vous allez apprendre parce que vous n’aurez pas accès aux outils, à la peinture, aux pochoirs pour développer votre côté créatif et artistique, et j’en suis désolée. C’est une partie généralement très appréciée par les étudiants, mais vous êtes tombés sur une mauvaise année. Je me suis tout de même engagée auprès des étudiants pour me filmer en train de faire un livre pour vous montrer les démarches et les outils, pour qu’ils sachent ce que ça représente.

ALET Ambre


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