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Créatrice éditoriale : Le parcours atypique d’Alicia

Dernière mise à jour : 5 nov. 2020

Mme Alicia Cuerva a répondu à nos questions sur le quotidien de son métier et de son parcours.

Cette jeune fondatrice de la « Maison d’Edition artisanale Cosette Cartonera », créée à Clermont Ferrand est un exemple de parcours réussi. Elle a su concilier sa passion de l’enseignement avec celui de métier d’éditrice. Nous l’avons interrogée pour connaître ses motivations qui l’ont conduite à s’orienter vers le métier d’éditrice.

Lorsque nous arrivons devant la façade de l’immeuble, nous ne pouvons deviner cette impression de bien-être qui va s’emparer de nous au moment de notre entrée dans son atelier. Le décor, la disposition un peu aléatoire des illustrations ainsi que le sourire d’Alicia, ne nous inspirent que de l’émerveillement devant cette jeune femme si enjouée et si déterminée pour préserver notre planète. En effet, Les livres aux couvertures uniques sont fabriqués, dans son atelier, à partir de carton de récupération. Cette technique inspirée par ses voyages en Amérique latine lui permet d’exercer son activité d’éditrice tout en préservant l’environnement. Peints et reliés à la main, ses ouvrages pour enfants, vous proposent d’entrer dans un univers artisanal et coloré. Cette manière d’éditer a été une révélation pour cette jeune fondatrice.

Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer votre parcours ?

Je m’appelle Alicia Cuerva, je suis la fondatrice de la « Maison d’Edition artisanale Cosette Cartonera », créée à Clermont Ferrand depuis 2016. Mon parcours ne me prédisposait pas au métier d’éditrice. Je suis titulaire de deux masters langues littératures culture étrangère spécialisé l’un sur la culture hispanophone et l’autre en culture lusophone pour devenir professeur des universités. J’ai choisi ces formations par mon héritage culturel, ma mère est d’origine brésilienne et mon père d’origine portugaise. Cependant, mon départ pendant une année en Amérique du Sud pour rencontrer et me former auprès d’une cinquantaine de maisons d’éditions artisanales (désignées sous le nom « Cartoneras ») va m’inciter à changer mon orientation professionnelle. J’ai découvert une autre manière d’éditer des livres, de pouvoir partager mon travail en tant qu’artiste.


Votre formation universitaire a-t-elle été un support important pour votre métier d’éditrice ?

Ma formation en littérature et culture m’a énormément aidée car je sais analyser des textes, les traduire, les corriger et avoir un esprit critique sur les manuscrits qui sont envoyés à la maison d’édition. Cette formation m’a permis de me « forger » et de réaliser le travail que je fais aujourd’hui.


Vous continuez à enseigner, pourquoi avoir choisi de continuer dans ce domaine professionnel ?

Ça m’est tombé dessus, j’ai d’abord choisi de faire des ateliers auprès des écoles, des médiathèques pour sensibiliser les personnes aux métiers d’éditeurs, d’illustrateurs, pour montrer qu’on peut faire énormément de choses avec les mains sans avoir beaucoup de ressources et avec un résultat très satisfaisant. Mais l’université m’a sollicitée pour donner des cours en alternance dans un premier temps et j’ai accepté au regard de ma passion pour l’enseignement. Pendant mes années d’études, j’ai constaté que les cours étaient très souvent théoriques. J’ai donc décidé de partager avec les étudiants mon expérience d’autoentrepreneur dans le milieu de l’édition.


Est-ce qu’enseigner vous a apporté quelques surprises ?

Tout au début de mon enseignement, j’ai donné des cours de Portugais à des licences et j’ai été très déçue car je mettais des heures à préparer mes cours qui sortaient du lot, avec de la musique par exemple ou des intervenants extérieurs. Malheureusement, je me suis retrouvée avec des étudiants peu motivés, qui ne faisaient aucun effort. Conséquence de cette expérience, je ne voulais plus être professeur à la fac. Pendant un certain temps je n’ai plus enseigné mais ensuite j’ai retenté l’expérience avec des masters. L’expérience est devenue plus enrichissante car les étudiants sont plus responsables et surtout motivés.


Comment organisez-vous vos cours concernant les ateliers de création éditoriale ? Sont-ils similaires d’une année sur l’autre ?

Au premier abord, ils sont similaires chaque année car l’objectif final est de créer un livre et d’éditer ou de s’autoéditer avec une trame identique mais j’essaie dans la mesure du possible d’évoluer dans le contenu des cours. Par exemple dans mes premières créations, je ne travaillais pas beaucoup avec l’image ni avec les présentations des modèles économiques alors que, maintenant, j’essaye de doter mes cours avec ces concepts afin de vous apporter un enrichissement personnel et de préparer au mieux votre insertion dans le milieu du monde du travail.

Vous pensez continuer d’enseigner ces cours pendant de nombreuses années ?

L’année dernière j’avais décidé d’arrêter ces cours à la fac mais grâce à l’arrivée de mon associé, j’ai pu me dégager un peu de temps pour exercer à la fois mon métier d’éditrice mais également celui d’enseignant qui reste pour moi une passion. De plus, pour la maison d’édition, cela permet de nous faire connaître auprès des étudiants par l’intermédiaire des stages.


Est-ce que vous éprouvez des difficultés à vous organiser entre la maison d’édition et les cours à la fac ?

Oui bien-sûr, surtout lors cette période proche des fêtes de Noël où le travail est particulièrement conséquent dans les maisons d’édition. C’est la plus grande période des ventes de l’année. De plus, il faut bien comprendre que même si je n’ai que deux heures de cours, il y a la préparation, la correction des évaluations, répondre à tous les mails envoyés par les étudiants. Par exemple, cela fait un mois que je travaille 7 jours sur 7 sans week-ends de repos. Bien évidemment, c’est temporaire, c’est la saison haute de notre métier d’éditeur.


Une question un peu délicate, est-ce que votre métier d’enseignant vous apporte une certaine stabilité financière ?

Je suis vacataire, c’est un statut ingrat, je travaille six mois mais je ne suis payée que quatre mois après avoir travaillé. De plus, comme je l’évoquais précédemment, je passe beaucoup de temps à préparer mes cours, à les corriger, à répondre aux mails mais tout ce travail n’est pas rémunéré, seulement les deux heures par semaine que je pratique à la fac.


Par rapport à votre réponse précédente, est-ce que vous déconseilleriez à un étudiant de s’orienter vers l’enseignement ?

ll faut bien comprendre qu’être enseignant doit être avant tout une passion. Si cet étudiant recherche principalement la rémunération, je lui déconseillerais d’enseigner. En revanche, s’il «vibre» de cette passion qui est de transmettre le savoir, je lui recommanderais de s’engager dans cette voie. Enseigner peut être très enrichissant. J’ai une étudiante qui a découvert une passion pour le graphisme et j’en suis ravie. Mon cours lui a permis de s’accomplir pleinement dans ce domaine.


Est-ce que selon vous, les métiers liés à la médiation culturelle, sont appréciés du public ?

Ce sont des métiers mal connus du public. Par exemple, dans les grandes librairies, il y a un responsable communication mais souvent les gens ne le savent pas et ne sont pas informés de cette pratique. Aujourd’hui, les artisans, les commerçants sont conscients qu’un responsable de la communication notamment par l’intermédiaire de site internet ou des réseaux sociaux est un atout indispensable pour se faire connaître et développer son secteur.

Propos recueillis par Emelyne Delaunay le 19 octobre 2020.

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