Le Musée de Gergovie a ouvert ses portes à une exposition inédite qui éclaire une page peu explorée de l'Histoire : celle des Gergoviotes. Ces étudiants ont façonné l'histoire contemporaine du lieu, au cœur du Puy-de-Dôme. Initiée par Arnaud Pocris et Marion Dacko, cette exposition est le fruit de cinq années de recherches minutieuses.
En 1939, face à l'occupation allemande en Alsace, des professeurs et étudiants de l'Université de Strasbourg ont rejeté l'assujettissement des nazis. Ils ont trouvé refuge à Clermont, où l'Université avait accepté le transfert de son homologue strasbourgeoise. Un an après, deux enseignants, Gaston Zeller et Jean Lassus, ont initié des fouilles archéologiques sur le plateau de Gergovie, donnant naissance à la maison des « Gergoviotes ». Ce lieu est devenu le foyer de jeunes résistants, une communauté hors du commun, relatée dans cette exposition. L’initiative des Gergoviotes a été singulière, créant un chantier archéologique estival pour retenir les étudiants, quel que soit leur cursus, évitant ainsi leur retour en Alsace après l'armistice de juin 1940.
Malgré leur non-implication en tant que groupe organisé de résistance, plusieurs membres des Gergoviotes ont amorcé la résistance estudiantine en Auvergne. Des actions, plus sérieuses que de simples gestes de contestation, ont émergé, avec certains membres s'engageant dans des groupes structurés. Lors des opérations anti-résistance de la Gestapo en 1943, des Gergoviotes ont été arrêtés, et certains ont été déportés, témoignant ainsi du prix payé pour leur résistance.
Ce récit, une part essentielle de l'histoire du plateau de Gergovie, est présenté de manière immersive au Musée, offrant aux visiteurs une occasion unique de découvrir cette page méconnue de la Seconde Guerre mondiale.
Jacques Oguse, parmi ces Gergoviotes fondateurs, a consigné avec précision dans un journal les événements de cette époque, dont les débuts lors de la construction de leur résidence pour les fouilles. Ce journal, mis à disposition par sa fille Catherine, a été une pierre angulaire pour Marion Dacko et Arnaud Pocris, enrichissant leurs travaux déjà nourris de nombreux documents, carnets de fouilles, témoignages écrits et administratifs des déportations ultérieures.
L'exposition, fruit d'une collaboration entre la Maison des Sciences de l'Homme de Clermont-Ferrand, l'Université Clermont Auvergne et le CNRS, met en lumière cette histoire singulière. Elle démontre que Gergovie n'est pas seulement un lieu de bataille antique, mais aussi le témoin d'une histoire contemporaine, d'une résistance étudiante.
Cette révélation historique n'est pas simplement confinée aux murs du musée. Des panneaux d'information disséminés sur le plateau de Gergovie, en partenariat avec le Département du Puy-de-Dôme, permettent aux visiteurs de marcher sur les traces des Gergoviotes, de la maison des étudiants aux lieux de leurs fouilles archéologiques.
Manon LOVERINI
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Source de l’image :
https://musee-gergovie.fr/agenda/les-gergoviotes-des-etudiants-en-resistance-exposition/
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