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Précarité étudiante : Les jeunes peinent et le gouvernement patauge

Dernière mise à jour : 22 nov. 2023

Près d’un étudiant sur deux en France travaille en parallèle de ses études, près d’un étudiant sur deux avoue sauter des repas par manque de moyens, près d’un étudiant sur deux craint de tomber dans la pauvreté. Et souvent, il s’agit de ce même élève de l’enseignement supérieur qui est touché par ces 3 indices de précarité étudiante. Qu’a fait le gouvernement de Macron pour endiguer cette crise ?



Cette année 2023 a été riche en mesures touchant à la vie étudiante qui ont fait polémique, que ce soit par leurs objectifs trop peu ambitieux, leurs applications franchement ironiques, leur mise-en-place qui exclut une partie des étudiants ou parce qu'elles n’ont tout simplement pas été votées à l’Assemblée Nationale.

Selon une étude réalisée par l’association d’aide alimentaire étudiante Cop1 et l’institut de sondage IFOP en septembre 2023, un étudiant sur deux a déjà sauté un repas et autant ont comme première source de stress leur budget mensuel.


Une crise du logement qui s’amplifie


Cela fait plusieurs années maintenant que les médias couvrent les rentrées scolaires en suivant des étudiants qui ne trouvent pas de logement dans le secteur de leur université ou école supérieur, et cette rentrée 2023 n’a pas dérogé à la règle. Nous avons pu suivre les histoires d’étudiants vivants à deux dans un camping-car sur des parkings municipaux, dormant dans leurs voitures, roulant plus de quatre heures par jour pour rejoindre leur lieu d’études ou d’alternance, ou manquant des semaines de cours entières à défaut d’avoir pu trouver un appartement libre début septembre. Entre le nombre de logements en résidences universitaires du CROUS qui est très largement insuffisant par rapport à la demande et le loyer exorbitant de studio de 9m carré destiné aux jeunes locataires, cette crise du logement impacte énormément le moral des étudiants.



Les Jeux-Olympiques Paris 2024 : un challenge pas seulement sportif


Dans les grandes villes où auront lieu des épreuves des JO comme Marseille, Lille ou Paris, qui figurent déjà parmi celles où il est le plus cher de se loger en France, certains propriétaires ou locataires abusent des contrats dans l’espoir de pouvoir louer leurs logements à des prix exorbitants aux touristes cet été, ce qui amplifie encore la crise du logement.


C’est sur ce même contexte de tension que le gouvernement a annoncé dans l’été le réquisitionnement de plus de 30.000 logements CROUS pour y loger les participants des Jeux Olympiques qui auront lieu à Paris en 2024. Les étudiants délogés ne savent pas encore où l’Etat va les installer provisoirement : la plupart, travaillant l’été, sont inquiets de savoir à quelle distance ils seront du centre-ville pour pouvoir aller travailler dans des conditions décentes. Le dédommagement proposé par Sylvie Retailleau, la Ministre de l’enseignement supérieur, paraît encore plus futile, les étudiants se verront proposer 100€ et deux places pour assister à ses mêmes jeux qu’ils ne pourront sans doute pas aller voir.


Se voulant rassurante, la Ministre - qui s’était rendue à l’université de Clermont Auvergne le jeudi 1er mai 2023 pour entendre des propositions sur l’amélioration des conditions de vie étudiante - a expliqué que les 1.667 logements du village olympique et du village des médias en construction seront proposés comme logements étudiants, au premier semestre de l’année universitaire 2024-2025. Ces logements, qui se situent en Seine-Saint-Denis, à Saint-Denis, Saint-Ouen-sur-Seine, L'Île-Saint-Denis, à Dugny et à Villeneuve-d'Ascq, près de Lille, bénéficieront aux étudiants franciliens et lillois, ce qui ne règle pas les problèmes de logement des autres villes étudiantes françaises.


Pour rappel, le président Emmanuel Macron avait annoncé un plan de 60.000 logements étudiants lors de son premier mandat. Selon Sylvie Retailleau, la moitié de ces logements sera disponible prochainement, malgré un retard attribué à la crise sanitaire.


A toute cette angoisse sur la possibilité de se loger, s’ajoute bien sûr, pour beaucoup, l’incertitude de pouvoir se nourrir.



Le gîte et le couvert, pour tous ?


L'IFOP et l'association apartisane d’aide alimentaire étudiante Cop1 ont publié le 12 Septembre une enquête sur la précarité alimentaire que vivent les jeunes à la sortie du lycée, portant sur un échantillon de 800 bénéficiaires des panier-repas de l’association, et un autre échantillon de 800 sondés représentatif de la population étudiante. Cette enquête met en lumière un phénomène de précarisation d’une partie de la jeunesse : 36 % des étudiants se privent régulièrement d’un repas par manque d’argent, et ils sont 58 % dans ce cas sont inscrits aux distributions alimentaires.


Pour continuer dans les chiffres effarants, parmi les bénéficiaires des ces paniers d’aide, 33 % des sondés disposent de moins de 50 euros pour finir le mois une fois payés le loyer et les charges. L’hiver approchant, on ne peut qu'espérer que les 61 % d’étudiants qui ont renoncé à se chauffer l’hiver passé - contre 39 % dans le reste de la population - bénéficient rapidement d’aides supplémentaires.



Une jeunesse "assistée" ?


Ces chiffres s’opposent clairement au discours d’une partie de la majorité présidentielle et de la droite de l’hémicycle qui ont refusé de voter une proposition de loi instaurant «un repas à un euro pour tous les étudiants» pour ne pas encourager « l’assistanat de la jeunesse », surtout lorsqu'il est connu qu’un étudiant qui travaille en plus d’étudier à moins de chance de valider son année qu’un autre, qui peut se consacrer à ses études. Cette proposition de loi a été rejetée à une voix près par l’Assemblée Nationale jeudi 9 février 2023, l’argument des votants “contre” étant que les boursiers ont déjà accès à un repas à 1€, et que les non-boursiers n’en avaient pas la nécessité. Or la précarité ne s’invite pas que dans les chambres des boursiers du CROUS, elle s’immisce aussi chez les étudiants issus de la classe moyenne, dont les parents gagnent « trop » pour que leurs enfants aient accès aux bourses sur critères sociaux. Les parents, eux-mêmes touchés par l’inflation, ne peuvent plus forcément les supporter comme prévu.


Fatiha Keloua-Hachi, députée socialiste à l’origine de cette proposition, avait pourtant expliqué à l’Assemblée Nationale que la formule actuelle n’était « pas suffisante » et que ce tarif de 1 € n’était pas entériné dans la loi. La preuve, pendant la pandémie de Covid-19 qui a largement plus touché les étudiants, Emmanuel Macron avait annoncé en janvier 2021 que tous les élèves pourraient bénéficier du tarif réservé aux boursiers, le repas à 1 €. Mais dès la rentrée suivante, le tarif non boursier est revenu à 3,30 €, comme si de rien n’était.



Pour finir sur une note solidaire


Si l’association Cop1 n’as pas d’antenne à Clermont-Ferrand, il est possible de se rapprocher du Lie’Utopie près du Campus des Cézeaux, qui comprend une épicerie solidaire avec des invendus bio à prix libres, des paniers de produits bio de saison, une programmation et des actions culturelles gratuites et un café/bar associatif à petit prix. Une cantine partagée solidaire a également été créé au mois de mai à destination de ses adhérents. Ce projet s’inscrit dans une volonté d’inclusion sociale, anti-gaspi et de santé publique, permettant de manger bio, local et sain à prix raisonnable.


Cléa CHAPAT

 

Sources :


Photo de couverture : Dessin de presse de Miss Lilou, 11 Novembre 2019


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