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Politiques, journalistes et avocats visés par l'espionnage peu avant la Coupe du monde 2022

Dernière mise à jour : 26 nov. 2022


Selon un journal britannique, un groupe de hackers indiens serait impliqué. Ceux-ci, à leur tour, affirment avoir été mandatés pour espionner, entre autres, Michel Platini, Nathalie Goulet et certains journalistes. Leur point commun est d'avoir agi au détriment des autorités qataries.


La Coupe du monde de football de cette année se déroule au Qatar du 20 novembre au 18 décembre. Exactement deux semaines avant son début, le 6 novembre, une enquête publiée par The Sunday Times révèle que des journalistes, des politiciens et même des avocats ont été pris pour cible par des hackers engagés pour protéger la réputation du Qatar.


En raison de leurs appels ouverts au boycott de la compétition et de leur attitude critique envers l'organisation de la Coupe du monde par l'émirat, plusieurs personnes ont été victimes du groupe de piratage. Au Qatar, la situation liée aux droits des femmes, des personnes LGBTQ ou encore la situation des travailleurs sur les chantiers réalisés spécialement pour le Mondial font l'objet de nombreuses discussions et la cause de nombreuses polémiques.


Des avocats du gouvernement qatari, interrogés, ont démenti l’implication du Qatar dans cette vaste opération de hacking. Dans une déclaration transmise à l’Agence France-Presse (AFP), un responsable qatari a également dénoncé des allégations « manifestement fausses et sans fondement », qui reposent « sur une source unique qui prétend que son client était le Qatar, sans apporter la moindre preuve ». Et d’ajouter : « Le Qatar ne restera pas les bras croisés (…), et toutes les options juridiques à notre disposition sont à l’étude pour s’assurer que leurs responsables rendront des comptes. »


Michel Platini « profondément choqué »


Nathalie Goulet était sur la liste des victimes du groupe de hackers. Elle a accusé le Qatar de financer le terrorisme islamique. L'ancien président de l'Union des associations européennes de football (UEFA) Michel Platini, grand défenseur de la candidature qatarie, faisait également partie des cibles. Quant à ce dernier, il a été interrogé par la justice française dans le cadre d'une enquête sur des allégations de corruption dans l'attribution de la Coupe du monde au pays du Golfe. Le piratage s'est produit peu de temps avant l'interrogatoire.


Réagissant aux assurances du journal britannique, Platini s'est dit « surpris et profondément choqué », dans un communiqué transmis à l’AFP. L’ancien capitaine de l’équipe de France étudie « toutes les suites judiciaires qu’il est déterminé à donner – si les informations du Sunday Times sont exactes – à ce qui apparaît être une violation manifeste et crapuleuse de sa vie privée », est-il précisé.


Parmi les victimes des hackers, outre les politiciens, figurent également des journalistes comme Jonathan Calvert du Sunday Times, qui a enquêté sur les manœuvres de corruption qui ont conduit à l'attribution de la Coupe du monde 2010 au Qatar. L'avocat américano-hongrois Mark Somos a également été piraté. Ce dernier a, à son tour, porté plainte contre la famille royale du Qatar auprès du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme.


Des opérations de piratage depuis 2019


Selon les données de cette année du Sunday Times et du Bureau of Investigative Journalism, des opérations de piratage de boîtes mails ou de prise de contrôle à distance de microphones et de caméras depuis des ordinateurs ont commencé en 2019. Il s'agit de l'équipement informatique d'une cinquantaine de personnalités ciblées par un groupe de hackers indiens responsables de piratage. « L’enquête précise clairement que le client (des hackeurs) est l’hôte de la prochaine Coupe du monde : le Qatar », écrivent les journalistes.


Le recours au groupe indien de hackeurs aurait été fait par l’intermédiaire d’anciens officiers de police ou du renseignement britanniques, travaillant désormais dans le secteur privé, détaille l’enquête du journal britannique.


L'enquête révèle de nombreux autres cas de violation de données personnelles, non seulement au Qatar, mais aussi en dehors de celui-ci. Cependant, ils étaient dirigés par le même groupe indien pour le compte de cabinets d'avocats anglais, des régimes autocratiques.


Le président suisse, Ignazio Cassis, a ainsi été ciblé juste après un entretien dévolu aux sanctions contre la Russie avec Boris Johnson lorsqu’il était premier ministre du Royaume-Uni, tout comme Philip Hammond quand il était ministre des finances britannique et alors qu’il faisait face aux retombées des empoisonnements russes au Novitchok au Royaume-Uni. Un oligarque ayant fui la Russie aurait aussi été visé à la demande d’un cabinet d’avocats londonien travaillant pour l’Etat russe.


Klaudia Nicerska

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